Souvenirs d'enfance de Victor Hugo

18.02.2017

Aux Feuillantines

Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
Notre mère disait : « Jouez, mais je défends
Qu’on marche dans les fleurs et qu’on monte aux échelles. »

Abel était l’aîné, j’étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d’elles.

Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d’une armoire, un livre inaccessible.

Nous grimpâmes un jour jusqu’à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fîmes pour l’avoir,
Mais je me souviens bien que c’était une Bible.

Ce vieux livre sentait une odeur d’encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire !

Nous l’ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et, dès le premier mot, il nous parut si doux,
Qu’oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.

Nous lûmes tous les trois ainsi tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain,
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.

Tels des enfants, s’ils ont pris un oiseau des cieux,
S’appellent en riant et s’étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes.

Victor HUGO (1802-1885)
Les contemplations, Livre V, En marche, X, Aux Feuillantines, 1855.

De 1809 à 1813, la famille de Victor Hugo vécut dans un ancien monastère bénédictin transformé en appartements, au n° 12 de l’impasse des Feuillantines.
Et le beau jardin du couvent, abandonné, redevenu sauvage, fut pour Victor, ses frères, ses camarades d’alors, un merveilleux cadre de jeux. Ainsi que le grenier...

Et dans ce grenier... Quelle découverte ! La Bible, réservoir de belles histoires !

Un livre qui le fascinera toute sa vie et qui nourrira souvent son inspiration de poète.

Plus tard il écrira :
      "Il y a un livre qui contient toute la sagesse humaine
      éclairée par toute la sagesse divine,
      un livre que la génération du peuple appelle le Livre, la Bible…
       Ensemencez les villages d’Évangiles. Une Bible par cabane."

J'ai découvert ce poème ici et j'ai été charmée, pensant tout de suite à des idées pour partager cette découverte avec les enfants !
Oui, les enfants de nos groupes connaissent Victor Hugo : poésies à l'école, Notre-Dame de Paris, Les misérables, ... Pourquoi ne pas partager avec eux ce poème qui parle si joliment de la Bible.

Plusieurs pistes possible :

- le lire, le faire lire, l'illustrer, l'afficher

- l'écouter

- l'étudier    clic   (relever, entourer, souligner de différentes couleurs...)

Champ lexical pour parler de la Bible :
La Bible – ce vieux livre – ce livre noir : objet mystérieux donc fascinant
odeur d’encensoir – estampes - oiseau des cieux (métaphore)

Sens éveillés chez les enfants par cette découverte et la lecture du livre :
-odorat : odeur encensoir
-la vue : les estampes(images bibliques)
-toucher : doux ;

Impressions dégagées par la découvertes de la Bible
« bonheur », « délire », « doux », « charmés », « riant », « s’étonnent », « joyeux », « douceur »
Ponctuation : les !
Métaphore : comparaison de la Bible comme un oiseaux des cieux.

- Découvrir Victor Hugo, sa biographie, son oeuvre, ses engagement sociaux...

- Prolonger avec la découverte / l'étude des personnages bibliques cités dans le poème : Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain.

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