• La lèpre : une histoire vraie

    La lèpre : une histoire vraie

    D'après "50 histoires pour occasions spéciales tout au long de l'année" de Lynda Neilands

    éditions 7ici et EBV

     

    Dans le livre (est-il encore édité ?) ... en + de 49 autres histoires courtes il y a quelques pistes pédagogiques pour exploiter cette histoire en relation avec Marc 1 v. 40 à 42

     

    Krishna vivait dans les hautes montagnes du Népal. Si on lui avait demandé de résumer en quelques mots les sept premières années de sa vie, elle aurait dit : dures, mais heureuses. Dures, parce qu'elle appartenait à une famille de quatorze enfants, et que parfois, les moissons étaient maigres, ce qui voulait dire qu'ils n'avaient pas grand chose à manger. Heureuses, parce que c'était amusant de ramasser du bois avec ses soeurs et d'aider sa mère à faire à manger. Oui, pendant les sept premières années de sa vie, Krishna eut un sourire heureux. Mais ensuite avec une soudaine cruauté tout changea.

    Alors que la petite fille se lavait dans une bassine, elle remarqua une drôle de tache blanche sur sa peau douce et dorée. Elle la montra à sa mère, qui s'écria avec effroi : "La lèpre... Tu as la lèpre !"

    Avant que Krishna ait pu se rendre compte de ce qui se passait, elle se retrouva seule dans une cabane, loin de chez elle. Sa famille avait eu si peur d'attraper la lèpre qu'elle l'avait éloignée de la maison. La lèpre, nous le savons, est une maladie qui existe depuis des milliers d'années, mais pour Krishna, c'était un monstre - un monstre qui avait dressé tout le monde contre elle.

    Le temps passa, et le monstre continua à gâcher la vie de Krishna. Il fit tomber des lambeaux de chair de son visage et rongea son nez. Ses mains et ses pieds devinrent insensibles : comme elle n'avait plus mal lorsqu'elle s'asseyait tout près du feu ou qu'une pierre tranchante lui entaillait le pied, elle ne tarda pas à avoir la peau toute abîmée et à être couverte de plaies et de bosses. Les membres de sa famille étaient triste pour elle, mais que pouvaient-ils faire ? Ils avaient peur qu'en touchant Krishna, le monstre ne s'empare d'eux également.

    Puis un matin de bonne heure, la petite fille se réveilla en entendent quelqu'un crier son nom : "Krishna ! Krishna !" Lentement, elle quitta sa cabane obscure, et elle vit son père, déjà habillé, un panier en osier sur la tête.

    "Viens." Il fit demi-tour et se mit en marche.

    Intriguée, la petite fille le suivit. Elle sortit de la ferme, traversa le village et descendit le sentier de la montagne. "Où allons-nous ? haleta-t-elle.

    - A Anandaban," répliqua son père. Le mot signifiait "Forêt de paix", ce qui intrigua Krishna encore plus que tout le reste.

    La mousson humide était terminée, et les chauds rayons de soleil commençaient à dissiper la brume sur les sommets des montagnes. Elle vit une quantité de huttes en terre, de rochers et de rizières, mais aucune forêt...

    L'après-midi, les pieds de la petite fille étaient en sang, et son père dut faire une halte plusieurs fois pour qu'elle parvienne à le rattraper. Ils marchèrent, marchèrent, jusqu'à ce que Krishna franchisse en trébuchant un tournant de la route. Derrière, un grand bâtiment plat s'étendait devant ses yeux.

    "Voici Anandaban, déclara son père.

    - M... mais... où sont les arbres ?" dit Krishna en suffoquant.

    Son père déposa son fardeau. 3Anandaban est un hôpital, pas une forêt, dit-il doucement. Les chefs du village m'ont ordonné de te conduire ici."

    Krishna trembla et eut envie de se cacher. Elle aurait voulu retourner dans sa cabane et se blottir dans un coin pour ne pas rencontrer d'étrangers qui se détournerait d'elle, comme tous les autres.

    Mais lorsque son père la poussa à entrer dans le bâtiment, elle fit une découverte. A Anandaban, les gens étaient différents. Par la suite, elle apprit qu'ils étaient chrétiens, disciples du Dieu qui avait guéri les lépreux lorsqu'il était sur la terre. Mais au début, elle fut stupéfaite en constatant qu'ils n'avaient pas peur de s'approcher d'elle et de la toucher avec leurs mains.

    "La lèpre ne s'attrape pas facilement, lui expliqua une gentille infirmière en sari blanc, tout en étalant de la pommade sur ses plaies. Et de plus, nous pouvons la guérir. Tu vas rester ici pendant 6 mois. Tu prendras une pastille chaque jour. Ensuite, tu seras prête à rentrer dans ton village. Et ne t'inquiètes pas : nous dirons à tout le monde que tu es totalement rétablie."

    Et c'est exactement ce qui arriva. Six mois après que Krishna soit arrivée à Anandaban, son père vint la chercher à l'hôpital. Elle franchit les montagnes en sens inverse, pour retourner dans son village où sa mère, ses frères et ses soeurs l'attendaient pour l'accueillir à la maison. "Viens vite, viens vite !" s'écrièrent-ils en la poussant près du feu.

    Krishna s'assit, si heureuse qu'elle en pleurait presque. Elle était rentrée chez elle, dans sa famille, grâce aux gens d'Anandaban et au Dieu qui l'avait aidée à chasser le monstre hors de sa vie.